RML AD Group - Crème anglaise

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RML, c’est d’abord une histoire de famille. Né en 1918, Arthur Mallock n’a que dix-sept ans quand il commence à bricoler son Austin Seven. Des suspensions à la carrosserie, il transforme la camionnette en un bolide de course qu’il nomme « Bren ». Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il l’engage en compétition mais doit rapidement se rendre à l’évidence : « Bren » est dépassée. Pour affronter les irrésistibles Cooper, il s’essaye à la fabrication de sa propre voiture. C’est un coup de maître ! Plus légère que ses concurrentes, la U2 démocratise la course automobile grâce à sa simplicité et son efficacité. Dix ans plus tard, le catalogue de l’artisan propose des Formule Ford, Formule 3, Formule Atlantique, etc. L’entreprise devient familiale quand ses deux fils, Richard et Ray sont promus au rang de pilotes de développement. Le premier reprend l’affaire et continue de produire la U2. Le second poursuit sa carrière, et participe notamment aux 24 Heures du Mans 1979 sur une Lola T286.

En 1982, il pilote une Nimrod Aston Martin en championnat du monde des marques pour le compte d’une écurie privée. Elevé à bonne école, Ray se distingue rapidement par son expertise technique. « Je me sens très privilégié d'avoir évolué à une époque où le pilote pouvait encore apporter sa touche de génie », admet-il aujourd’hui. Ravi de surpasser régulièrement l’équipe officielle Nimrod, Viscount Downe Racing donne « carte blanche » à son pilote qui développe la carrosserie en soufflerie. Quand l’auto revient au Mans en 1983, elle a gagné onze secondes au tour ! Cette publicité donne une crédibilité immédiate à la société Ray Mallock Limited créée en 1984. Associée à l’Ecurie Ecosse, RML développe son premier prototype qui, avec le soutien d’Austin Rover, remporte le championnat du monde des marques 1986 en catégorie C2. Aston Martin en 1989, Nissan en 1990… Les partenariats se succèdent, la machine est lancée. L’équipe s’éloigne alors de l’endurance pour rejoindre les rangs du British Touring Car Championship, que la planète entière convoite. Avec Vauxhall puis Nissan, RML conquiert les titres 95, 98 et 99. Entre temps, l’atelier de Wellingborough a diversifié son activité pour devenir un bureau d’ingénierie automobile. Fin 1999, Steve Saleen lui commande l’étude d’une monstrueuse supercar…

La carte de la stabilité

Développée en dix mois seulement, la S7 est aussitôt déclinée en version GT1. A son volant se forme un duo qui deviendra inséparable. « J’ai remporté le British GT avec Graham Nash Motorsport en 2002 », se souvient Thomas Erdos. « L’année suivante, l’équipe m’alignait en FIA GT aux côtés de Mike Newton. » Le courant passe et le gentleman driver progresse vite au contact de son mentor brésilien. En novembre, l’équipage est au départ des 1 000 kilomètres du Mans avec une MG Lola fraichement acquise par RML. Depuis ce jour, les deux hommes sont les seuls à s’être alignés sur toutes les manches de la série européenne ! « En 2003, Mike m’annonça qu’il se donnait trois ans pour être au départ des 24 Heures du Mans… Et cinq pour gagner » raconte Thomas Erdos. « Il plaisantait, sauf que deux années plus tard, nous vainquions en LM P2 et, pour prouver que ce n’était pas de la chance, nous récidivions en 2006 ! » Victoires à Istanbul en 2005, à Donington en 2006, puis au Nürburgring et à Spa-Francorchamps en 2007… RML devient la référence de sa catégorie. Mais alors qu’elle conquiert sa première couronne en Le Mans Series, la machine se grippe. La vieillissante Lola B05/40 laisse sa place au nouveau Coupé… Ça ne suffit pas, la saison 2009 est catastrophique. « Nos moteurs cassaient souvent, mais nous n'avions pas oublié comment gagner des courses », se souvient Mike Newton. Il a raison, l’installation du V8 Honda l’année dernière donne des ailes au prototype qui se classe troisième au Castellet et au Mans, deuxième à Spa, et premier en Algarve… « Comme dans un rêve », selon Ben Collins qui rejoint Erdos et Newton à Portimão. Quatrième à Budapest puis à Silverstone, les trois hommes offrent le titre à RML face à une concurrence sans-doute plus rapide, mais assurément moins constante.

Nouvelle ère

Phil Barker a retenu les leçons du passé et cette fois, il n’attendra pas la saison de trop. « C’est une décision extrêmement difficile », admet-il au salon Autosport le 14 janvier. « Nous sommes tristes de quitter nos amis de Lola, mais heureux de resserrer notre relation avec HPD. » Disposant désormais de l’arme absolue (ARX-01d), le Team Manager compte sur ses atouts humains pour devancer Strakka Racing : « Notre groupe est à la fois structuré et chaleureux. Nous formons des étudiants pour qu’ils s’imprègnent de l’esprit RML avant de monter progressivement dans la hiérarchie. Le Mans est la seule course où nous pouvons faire la différence par notre unité, malgré l‘enjeu et la fatigue. » On l’a compris, RML veut renouer avec la victoire aux 24 Heures. Cette détermination, que Barker dissimule derrière son flegme, Ben Collins l’affirme dans un humour… So British : « Je suis impatient de filer sur les Hunaudières en sifflant, et en sentant la brise, les insectes, la pluie et tout ce que Le Mans vous jette quand vous roulez en barquette ! » Et ce ne sont pas quelques insectes qui vont mettre un terme à la saga Mallock, car Michael, fils de Ray et petit-fils d’Arthur, est déjà vice-champion en titre de GT4 European Cup ! En attendant mieux, très certainement…

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